Consultation d'Anesthesie: Mon expérience avec les enfants
Parce que c'est ma profession , j'ai envie d'aider des petits qui doivent se faire opérer en leur faisant découvrir leur anesthésie par mon expérience.
Je vais parler du petit qui commence à pouvoir écouter et comprendre des mots simples donc ça dépend un peu de son niveau d'évolution sociale ou psychique.
Je prends l’exemple du petit qui doit avoir une intervention sur les amygdales.
QQ'unes de mes bases :
- Capter gentiment son attention en lui faisant d'emblée des compliments par exemple sur ses baskets ou son pull ou….
- Le saturer tranquillement de paroles intelligentes mais dans un langage assez simple pour qu’il puisse suivre le cours de notre pensée
- Ne pas faire de silence qui peuvent lui laisser le temps de faire revenir son angoisse s’il en avait ou d’en faire apparaître une . Donc mobiliser un max son attention
- Je m’adresse toujours à l’enfant (de temps en temps je montre aux parents, par le regard, que je sais qu’ils sont là mais c’est quand même le petit qui va se faire opérer!).
Des petits trucs à savoir :
- Le médecin a besoin de savoir qui est l’enfant donc celui-ci peut d’emblée prendre l’ascendant sur le médecin en lui demandant par exemple " tu as des enfants ? Ils se sont déjà fait opérer ?, Est ce que tu aimes les enfants?.... " bref une question d’enfant. Ca va tout de suite mettre le médecin dans une attitude d’écoute par rapport au petit.
- Pour simplifier, une consult dure 15 mn environ. Je ne vais pas la détailler mais donner des brides quoique de mes paroles pour capter ce petit. En sachant que l’écrit prend plus de temps que la parole !
" Bonjour, je m’appelle ….. et toi je crois bien que tu t’appelles …. "j’ai vu son nom sur le dossier! Ca le surprend
" Il parait que tu vas te faire opérer, qu’est ce que ça veut dire , tu sais ? Oh dans ta gorge il y a quelque chose qui porte un nom savant: Amygdales, Tu sauras l’écrire quand tu seras un tout petit peu plus grand à moins que tu ne saches déjà. Les amygdales servent un petit peu à quelque chose mais la tienne fait plutôt des bêtises et tu as souvent mal à la gorge . Le docteur …… qui sait bien faire son travail, peut te l’enlever mais on ne peut pas faire ce travail comme ça, comme quand tu m’écoutes car cela pourrait te faire mal . Alors je te propose qu’on puisse t’opérer quand tu dors. Mais ce n’est pas comme quand tu dors dans ton lit car si je te secoue ou te parle, tu te réveilles tout de suite. Alors ça n’irait pas, mais on sait faire un sommeil pour que tu ne sentes rien. Comme ça le docteur fait le travail pour que tu ne soit plus malade de ta gorge et quand c’est fini tu peux te réveiller . Là, tu es encore en salle d’opération ou déjà dans une grande salle avec plein d’ordinateurs et des infirmières qui s’occupent de toi. Quand tu veux retourner dans ta chambre tu demandes à l’infirmière et si tout est OK c’est bon, tu peux repartir auprès de tes parents s’ils ont pu être là sinon avec les infirmières que tu connais déjà.
Si tu as mal à la gorge ça veut dire que les médicaments qu’on t’a donné ont fini leur travail et qu’il faut t’en donner encore, donc tu le dis bien à tes parents ou aux infirmières ou aux personnes qui viennent te voir
Comment vas tu dormir ? Ca c’est une belle histoire :
Avant d’être conduit au bloc opératoire - c’est un drôle de mot pour un endroit où on opère les enfants- Comment l’appellerais tu ? une seconde et demi pour la réflexion!- Avant d’être conduit là bas l’infirmière va te donner un médicament à boire ou parfois un petit bonbon spécial., simplement pour te préparer à l’anesthésie.
Puis tu viens au bloc dans un lit- oh pas tout seul, l’infirmière conduit le lit qui a des roulettes ! Tu peux regarder le plafond ou les gens que tu rencontres si tu n’as pas déjà sommeil. Et quand tu seras dans ton lit, au retour, tu pourras faire un dessin pour les autres enfants ou pour les infirmières. Tu vas rencontrer plein de portes à passer, c’est pour garder le bloc bien propre. Puis tu verras des gens habillés en vert ou en bleu avec des trucs bizarres sur la tête . -Montres moi du bleu , montres moi du vert-Il cherche- C’est toujours pour faire attention à la propreté. Toi aussi tu auras une petite chemise exprès pour toi à la place de ton pyjama ou de ta chemise de nuit .Puis tu iras sur une table, ça s'appelle comme ça! dans une grande salle avec des machines comme des gros ordinateurs et plein de lumières. Tu pourras voir des traits rouges , bleus ou jaunes qui montrent le travail que fait ton cœur, quand le docteur, ou l’infirmière qui l’aide, t’auras mis des petites pastilles sur le devant de tes poumons. Là, il y a deux façons de t’aider à dormir : la première possibilité : tu souffles dans un ballon tout noir ou bien vert par l’intermédiaire d’ un masque – comme les pilotes d’avion de chasse, tu en as déjà vu à la TV?- Le masque sent bon la fraise ou le chammallow , Quand tu souffles ça sent comme l’odeur de pomme ?. C’est presque comme une salade de fruits;
Y a des enfants qui aiment beaucoup et d’autres qui n’aiment pas beaucoup. Puis tu te sens comme sur un bateau et ensuite tu dors et quand tu te réveilles c’est fini. Tu peux même demander à être assis et dans les bras du docteur ou de l’infirmière.
L’autre possibilité est de dormir avec un médicament qui va dire à ton cerveau dans ta tête, de se reposer. Pour ça, il faut utiliser quelque chose qui se promène partout dans ton corps… Qu’est ce qui se promène partout dans ton corps à toi?, regarde tes mains, il y a des filets bleus, ce sont tes veines. Dedans il y a… le sang et pour mettre mon médicament dans ton sang, par où je vais passer ?....par ta peau qui est ton protecteur. Alors je vais d’abord faire gonfler les veines en pressant un peu fort tout autour de ton bras avec un ruban en caoutchouc. Avec un petit système je vais passer la peau ; tu peux avoir une pommade magique que l’infirmière t’aura mis à ton arrivée sinon puisque ta peau te protège elle te dit tout de suite si quelque chose se passe .Donc tu préviens ta peau que la sensation d’un petit moustique sur ta peau, c’est normal et qu’ elle n’est pas obligée à ce moment là de faire trop bien son travail. Et tu peux, en même temps te demander ce que tu voudras faire quand tu seras en vacances par exemple ou quelle est la couleur des yeux du docteur ou de l’infirmière qui s’occupe de toi car il faudra que tu le dises à papa ou à maman ou à tes copains et copines.
Puis tu vas dormir et te réveiller comme je te l’ai déjà dit.
Parfois on donne un certificat de passage au bloc surtout si tu as bien fait rigoler les infirmières en leur racontant pourquoi tu te fais opérer par exemple….." Et tes parents ou maman ou papa ou .....t'attendent
Je propose facilement à l’enfant d’utiliser mon stéthoscope pour écouter son cœur .Parfois ça l’impressionne trop, donc je lui propose d’écouter le mien ou celui des parents accompagnants
"As-tu des questions à me poser ? ………………………………………………..
Y a-t-il quelque chose que tu n’as pas comprise ?.............................................. "
C’est seulement à ce moment que je m’adresse aux parents pour savoir s‘ils veulent des informations particulières . J’ai toujours été surprise du silence des parents pendant mon presque monologue et étonnée de l’écoute de leur enfant.
J'espère avoir été complète, de toute manière
rien ne remplacera l'échange avec le Médecin!
Ca ne change pas beaucoup pour une appendicite ou une fracture du bras voire d’autres types d’intervention.
Voilà ma méthode qui a le mérite d’exister, qui est contestable mais que j'ai affinée au fil des années . Période que j’ai énormément appréciée même si je n'avais plus de salive au bout d'un moment de part la concentration et le bla bla.
C'est un langage avec beaucoup de répétitions et un peu de mélange dans les temps pour amener un peu de confusion. Mais j'utilise quasiment toujours des phrases positives. J'évite au maximum les négatives , l'affirmative est plus constructive et d'une certaine manière moins anxiogène.
Je ne sais si mon baratin aidera des parents à préparer leur petit à une intervention mais il est indispensable de permette à un enfant d’aborder cet épisode de sa vie en relativisant l’expérience.
Ouf c'est fini! en plus, c'est du langage parlé donc plus difficile à lire.
Félicitations au (x) lecteur(s) de la totalité.