Anesthesiste, kesako

Depuis quelques années la consultation d'anesthesie est obligatoire plusieurs jours avant une intervention. Ouf nous l'avions réclamée. 

Il ne nous semblait pas normal de rencontrer les futurs opérés à la va-vite la veille de l'intervention quand nous étions lessivés par une longue journée, que avions envie de rentrer à la maison (oh pas pour se reposer, la deuxième journée reprenait puisque commencée le matin  avant l'hosto), alors qu'il pouvait, de plus, s'agir de patient à problèmes lourds.

Grâce à cette consultation et à la médiatisation de cas extrêmes et toujours négatifs, la profession a pu être connue voire reconnue.

J'entends parfois de futurs opérés râler car ils doivent ENCORE aller voir l'anesthésiste. Cela m'amuse quand je suis en forme mais me navre dans les autres moments.

Personnellement je n'ai pas besoin d'être vue, je n'ai pas non plus besoin de voir les patients. A la rigueur une photo pourrait suffir pour ne pas se tromper de personnes au bloc!

Alors à quoi sert on? 

En fait nous ne sommes pas anesthésiste c'est à dire des pousseurs de seringues , des gaziers comme certains chir le disent plus ou moins avec humour ou ... humeur. Notre rôle implique que nous connaissions l'ensemble des pathologies, que nous puissions les voir venir, les reconnaitre, les traiter. En plus de notre capacité à parfaitement connaitre les drogues que nous allons utiliser nous avons une connaissance générale et soutenue de la médecine . Oh bien sûr nous ne sommes absolument pas des spécialistes de tout mais nos compétences nous aiguillent vers des diagnostics et nous pouvons faire appel aux personnes parfaitement compétentes quant aux problèmes décelés .

Il peut nous arriver d'avoir à mettre dans un coma pharmacologique donc anesthésier une personne qui est en phase aigue d'une pathologie ( péritonite ou occlusion intestinale aigue chez un patient qui vient de faire un infarctus du myocarde par exemple). Nous devons  d'abord être des réanimateurs . 

Notre profession est donc anesthésiste réanimateur.

Notre rôle consiste à permettre à un malade de subir (eh oui c'est bien le cas ) une intervention par un chirurgien dans les meilleures conditions pour le patient , pour le travail du chirurgien, pour le postopératoire (par ex: importance d'anticiper la lutte contre la douleur pour faciliter la réhabilitation post op et la guérison le plus rapidement possible).

Nous sommes  obligatoirement un maillot fort de l'acte opératoire et devons anticiper les problèmes que rencontre le chir (Nous devons remarquer par  ex un saignement anormal avant qu'il ait des conséquences sur le patient et bien avant que le chir ne le signale afin de prendre les décisions inhérentes)

Par une armada d'appareils, tous les paramètres physiologiques aisément captés en temps normal (sinon on ajoute des surveillances par des gestes dits invasifs comme un cathéter central par ex) sont surveillés continuellement par le médecin anesthesiste-réa aidé d'une infirmière particulièrement formée à ce type de travail par un diplome obtenu après  plusieurs années d'études.

Faciliter le réveil nécessite aussi une connaissance de la manière de travailler du chirurgien, des divers drogues, de leur temps d'élimination en fonction de différents critères, une bonne expérience, une équipe d'infirmières (iers) compétents en salle de réveil car les temps les plus sosuvent à problèmes sont l'endormissement et le réveil qui vont exiger une surveillance accrue. 

Et voilà pour simplifier mais cela ne traduit en rien la vie exhaltante mais combien stressante au bloc opératoire, les rencontres aussi différentes les unes que les autres lors des consultations et lors des suivis postopératoires dans les services. De plus  nous intervenons aux urgences, au Samu, dans les hélicoptères, sur le terrain dans les cas de catastrophe etc... mais c'est une autre histoire!