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De Tout et de Rien de Marieswiss
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3 avril 2013

Séquence douloureuse , hommage au docteur Costa

Un confrère s'est suicidé au Cambodge. Il était le médecin de l'équipe d'une émission de télé-réalité.

Avoir la responsabilité d'un groupe de personnes en situations extrêmes est une très lourde charge qui nécessite des connaissances en quantités, une grande expérience professionnelle, une disponibilité de chaque seconde dans des conditions difficiles et une capacité impressionnante à refroidir ses émotions.

Dans l'action, le cerveau tourne à 3000 tours secondes car il reprend tout ce qu'on a appris en cours , en expérience de vie professionnelle. On est capable à la fois de s'isoler totalement de l'environnement pour penser juste et agir mais en même temps à être très présent avec l'environnement. Le déroulement de la réanimation tient compte de l'événement , des circonstances qui l'on amené mais aussi des signes qui auraient pu être remarqués auparavant tout autant que les gestes salvateurs connus par réflexe et qui permettent de laisser de la place pour la rechercher diagnostic et son traitement.

Réanimer seul est impossible donc on a besoin d'aides multiples pour des gestes simples, des besoins particuliers, des demandes diverses. 

On ne peut partir pour une telle expédition sans être chevronné donc extrèmement compétent.

Mais nous sommes des humains , autant toute  émotion est éliminée en situation d'action car l'être entier est orienté vers la réussite, autant  ensuite la pensée reprend le dessus. Heureuse et remplie de bien être et de satisfaction pour le patient et le groupe qui a bossé. Tête à l'intérieur de soi quand le drame est arrivé. Le sentiment d'échec est grand quand le diagnostic n'a rien d'évident. De façon lancinante la question revient: "Ai je fait tout ce qui était possible?  qu'est ce que j'aurais pu faire qui aurait redonné ce patient à ses proches avec bonheur? qu'est ce que j'ai raté? Quel paramètre ai-je oublié de repérer?

Tous les congrès y compris mondiaux m'y ont vu à la recherche de réponses!

Progressivement , insidieusement une certaine forme de culpabilité vous ronge même si, par exemple, l'autopsie vous dédouane complètement. Ce sentiment négatif vous envahit et m'a une fois fait changer de tenue vestimentaire: Moi habituée aux pantalons,  je ne pouvais plus en porter du tout .Je ne voulais que des tenues en robes ou jupes, je n'ai pas élucidé ce besoin.

J'ai découvert que six mois me sont nécessaires pour tout recadrer objectivement et je crois bien que ce sont les inf' qui savent avoir les paroles qui redonnent le bonheur de cette merveilleuse mais terrible profession.

Je n'ose pas imaginer si j'avais eu la presse et ses articles non verifiés, gratuitement versé à la vindicte de tous et de personne,  repris en boucle pour toujours dénigrer à charge sans jamais contre-argumenter tel un pittbull qui ne lâche pas sa proie coincée dans ses machoires et pas un petit chiwawa pour le detourner de cette destruction qui ne peut qu'atteindre le coeur du plus costaud mentalement . Car il est atteint dans ce qu'il a de plus cher au monde : le merveilleux job de sauver les vies humaines. 

Je ne sais pas d'où sont partis ces informations malveillantes mais il est certain qu'une gestion sur le terrain des situations gravissimes necessite de la part de l'encadrement un professionnalisme pour affronter les vraies réalités et savoir  écouter les interprètations pour les recadrer, expliquer et exiger de chacun le respect de l'autre. A plus forte raison quand on est loin de chez soi dans un contexte exceptionnel.

Je comprends du fin fond de mon âme le geste de ce confrère. Visiblement il n'a pas rencontré ou pu écouter  la bonne personne au bon moment pour l'aider. Nous, la profession l'avons nous  seulement soutenu ou suffisamment soutenu ???? Et pourtant on avait encore tellement besoin de lui en France!

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Commentaires
P
Merci pour ce texte et tes sentiments concernant ce médecin. J'ai la critique facile, surtout quand je suis en colère, mais là je reste choquée par ces faits tragiques. Maintenant c'est monnaie-courante il nous faut un responsable, on meurt, c'est forcément de la faute de quelqu'un. Les journalistes friands de faits divers se précipitent pour nous "informer" mettant à vif les sentiments des protagonistes. Un médecin, de mon point de vue de malade, est une personne qui sauve des vies, qui essaie d'accompagner et de permettre à des malades de mener une vie presque normale avec un traitement qui deviendra parfait après moult essais, non pas une personne douée de supers-pouvoirs. Les journalistes devraient de toute urgence se remettre en question, faire leur boulot oui, être responsable de la mort d'une personne, non. Je n'ai suivi aucune émission, ni lu aucun article concernant cette "affaire". Je pense juste à cet homme qui a préféré partir et à sa famille qui reste....
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