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De Tout et de Rien de Marieswiss
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16 avril 2023

Lille

Il m'avait prêté trois livres il y a peut être  six mois. Chaque page de deux des  livres demandait une réflexion. Un matin, je prends "Voltaire " de Max Gallo, le plus simple à lire. En début d'après midi un appel que je croyais agréable car il provient d'un beau frère auprès duquel j'attends des précisions pour une fête concernant un de ses fils: "PH est décédé ce matin dans les bras de son infirmier et de la dame qui faisait son ménage"

Il faut accepter que le temps avance, que les secondes raccourcissent , que les années  s'acharnent à remplir la vie de chacun. Pour moi Ph est resté à 50 ans , ce grand mec, un collosse de première ligne au rugby qu'il n'a jamais pratiqué préférant le golf, la chasse et son corollaire choisir un fusil. Et un EPICURIEN!

Un jour, il m'annonce qu'il doit aller à saint Etienne pour un nouveau fusil. Le brillant artisan mérite bien ce déplacement! Il s'agit de choisir la "bille" ( le mot devrait être plus précis!) de bois pour sculpter la crosse. L'entendre me parler avec enthousiasme de ce bijou, qu'il ne tiendra dans ses mains que dans cinq ans, me noyait dans un moment d'étrange mais belle poésie. Il y avait pour moi une telle discordance entre  cette joie et l'espoir d'acheter un objet si beau et la chasse en elle-même qu'il dût me raconter ce sport avec ses mots et son bonheur de ces moments de partage avec les autres collègues, incluant un respect étonnant envers les animaux..

Je n'entendrai plus sa voix forte, imposant à son chien de venir à ses pieds quand il chahutait, en aboyant, courant dans tous les sens. Car oui le chien s'est élévé en se jouant de la douceur, de la gentillesse, de l' amour de son maitre. Ses chiens précédents eurent le même loisir de mettre leur maitre dans des états spéciaux quand il se rendait compte qu'ils faisaient ce qu'ils avaient envie de vivre. 

Je n'entendrai plus son merveilleux rire rempli de tant de bienveillance!

Il nous avait concocté un voyage en famille  à Ceylan. Tout était parfait , l'accompagnatrice qui avait réussi à nous placer en classe affaire ce qui était une belle opportunité pour notre colosse, le guide local Mario dont la vie mériterait un livre fourni, les accueils comme chez l'oncle de Mario qui nous a reçu avec une classe toute britannique. Dans notre minibus, les discussions parfois très philosophiques  me font mieux découvrir Number two qui, à 12 ans, se permet de contester les adultes à propos du passé , du présent et du futur et qui tient à nous démontrer que le présent n'existe pas , que ce n'est qu'un mot sans substitut.

Le plaisir de vivre avec la joie des enfants lui a un jour donné une forme d'inconscience du danger: un hotel bord de mer crée l'envie impérieuse de jouir des plaisirs aquatiques. Les rires fusent. Progressivement arrive le patron  lui même et , dans la discrétion surveille , surveille . Je remarque son visage inquiet: -" il y a des risques ?" "- Oui la mer est trop démontée pour se baigner..."  Le colosse ressort heureux de ses moments de jeux aquatiques avec les trois numbers.

Au petit déjeuner de petits écureuils venaient s'enquérir de notre bonheur , Ph les observait avec tendresse  et semblait échanger avec eux!

Dans son héritage, sa famille n'aura pas un superbe plat "coup de coeur" pour parfaire sa collection qu'il se voyait ramener en France... 

"-Regarde comme cette assiette est belle!"

"-J'entends que tu as décidé de l'acheter!"

"- Tu as bien compris!"

 "- EUh... puis je te demander comment tu vas faire pour qu'elle arrive à coté de ses futures copines?"

"- J'ai compris !"

Il quitta le magasin, tout marri.


Des années après, il me parle toujours de ce plat superbe qu'il n'a pas rapporté par peur qu'il n'arrive fendu ou cassé, ses regrets étaient qu'il aurait dû en parler à la boutique qui aurait  organisé un transport avec les précautions indispensables. Il me semble que j'aurais dû me taire! 

A Lille sous  un soleil radieux, avec un vent sibérien dans une église igloo tant il y faisait froid, avec les bruits des marteaux des ouvriers qui s'activaient à la réfection du batiment "saint", puis au cimetière en périphérie nous avons accompagné Ph auprès de ceux qui l'ont précédé dans le caveau familial.

Dans une taverne réputée face à la gare des Flandre nous nous sommes retrouvés à la bonne franquette pour prendre le dernier repas où il a délicatement envahi nos pensées , nos propos.

Merci PH pour tout ce que tu nous a apporté et aux bonheurs que tu donnais, par ta présence entre autre, aux Numbers 

 

 

 

 

 

 

 

 

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